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Femmes rurales et agriculture

28/11/2025 | Nutrition

Femmes rurales et agriculture : entre empowerment et surcharge de travail invisible

Les “Femmes rurales et agriculture : entre empowerment et surcharge de travail invisible” est une réalité complexe dans laquelle se conjuguent responsabilité, force, fatigue et risques pour la santé. Dans ce monde souvent ignoré, les agricultrices tissent jour après jour les liens entre production alimentaire, survie économique, et bien-être personnel.

Dans ce premier paragraphe Femmes rurales et agriculture : entre empowerment et surcharge de travail invisible, il est essentiel de comprendre que la requête cible n’est pas une simple juxtaposition de mots. Elle incarne un phénomène global, où empowerment (capacités, autonomie, leadership) et surcharge (travail invisible, cumul des rôles, charge mentale) se nourrissent mutuellement, parfois en tension.

L’agriculture rurale comme moteur d’empowerment

Les femmes rurales jouent un rôle stratégique dans l’agriculture familiale et commerciale, tant en France qu’à l’international. En zones rurales françaises, elles représentent environ 26,7 % des non-salariés agricoles et un nombre croissant de cheffes ou co-exploitantes d’exploitation.  Ce rôle accru leur donne des leviers d’émancipation : décision sur les cultures, transformation, vente, diversification, implication dans les circuits courts. Ces activités contribuent à la sécurité alimentaire locale, à la biodiversité, à l’identification des besoins du territoire, souvent mieux compris par celles qui vivent réellement l’agriculture.

Empowerment signifie aussi accès à la formation, reconnaissance légale et sociale, statut juridique (cheffe d’exploitation, collaboratrice, etc.), ressources foncières, équipements adaptés, possibilités de direction. Ces avancées ne sont pas anecdotiques : historiquement, jusqu’aux années 1970, très peu de femmes cheffes d’exploitation. Par exemple, la transformation du statut juridique des conjointes collaboratrices ou collaboratrices d’exploitation a progressé au fil des lois, permettant une reconnaissance plus grande de leur travail.

Le travail invisible : surcharge physique, mentale, domestique

Empowerment ne va pas sans surcharge. Le travail invisible désigne ce qui ne se voit pas dans les comptes officiels : tâches ménagères, s’occuper des enfants ou des personnes âgées, gestion administrative, démarches, normes, entretien, et même aspects relationnels de la ferme (accueil, social, contacts, etc.). En agriculture, la séparation entre vie professionnelle et vie personnelle est floue. L’exploitation, le domicile, la famille cohabitent dans le temps et l’espace.

Des enquêtes en France sur les conditions de travail des femmes en agriculture (par exemple dans les Hauts-de-France, territoire de Douaisis Agglo) montrent que les tâches annexes à l’exploitation comme la vente, la transformation, l’administratif, qui sont souvent prises en charge par les femmes, sont sous-évaluées quant aux risques et à la charge. Ces activités s’ajoutent aux activités agricoles lourdes, aux contraintes horaires (astreintes, petits matin, etc.), aux responsabilités familiales et à l’absence fréquente de services de soutien, garde d’enfants, transport, santé à proximité.

Impacts sanitaires : surpoids, diabète, maladies chroniques

La surcharge de travail invisible et la double (voire triple) journée ont des conséquences sur la santé . Fatigue chronique, stress, perturbation du repos, alimentation déséquilibrée, peu de temps pour les activités physiques autres que le travail agricole, isolement, renoncement aux soins. Ces facteurs favorisent le surpoids, l’obésité, l’insulinorésistance, le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires. Ils peuvent jouer un rôle dans des risques de cancer (via inflammation chronique, obésité, etc.).

Par exemple, une étude sur la santé des travailleurs agricoles ruraux a trouvé que l’obésité était associée à une perception négative de la santé, à une activité physique réduite, et à des comorbidités comme hypertension, dyslipidémie.  Dans d’autres contextes, la migration rurale-urbaine ou le changement vers des modes de vie plus sédentaires montrent une augmentation du risque d’obésité et de diabète. 

En France, les inégalités sociales et territoriales jouent un rôle dans le diabète pharmacologiquement traité. La prévalence et l’incidence augmentent dans les territoires les plus défavorisés, et l’effet est plus marqué chez les femmes que chez les hommes. Ces déterminants peuvent être exacerbés en milieu rural par les distances, le manque d’accès aux soins spécialisés (diabétologue, nutritionniste), le renoncement aux soins.

Pendant la grossesse, l’obésité maternelle ou le surpoids favorisent le diabète gestationnel, les complications obstétricales, et peuvent avoir des conséquences à long terme pour la mère et l’enfant (risques de surpoids ou de diabète type 2 ultérieurement). Une femme rurale surmenée, mal alimentée, exposée à des tâches physiques lourdes ou des contraintes nutritionnelles (accès limité à une alimentation diversifiée), pourrait présenter un profil de risque élevé pour ces pathologies.

Un exemple historique ou anecdote

Au début du XXᵉ siècle, dans certaines zones rurales françaises, les femmes paysannes assumaient non seulement les travaux des champs mais aussi la préparation des denrées pour l’hiver, la cueillette, la garde des enfants et la fabrication des vêtements. Ces multiples tâches, toutes saisonnières, imposaient un rythme tel que la mémoire collective parle aujourd’hui de « la semaine des quinze jours ». Quinze jours pour préparer, quinze jours pour récolter, en plus des soins, de l’élevage. Ce modèle ancestral, aujourd’hui presque ignoré, illustre que la surcharge invisible est loin d’être un phénomène moderne. C’est un héritage qui continue, transformé certes, mais présent dans la quotidienneté des femmes rurales contemporaines.

Interactions avec la cancérologie, le poids, la grossesse

La surcharge de travail invisible, le stress chronique, le surpoids et l’obésité sont des facteurs reconnus de risque dans plusieurs cancers : cancer du sein, cancer de l’endomètre, cancer colorectal, entre autres. L’adipose excédentaire favorise l’inflammation, modifie le métabolisme hormonal, la sécrétion d’œstrogènes, les profils métaboliques, ce qui augmente le risque cancéreux.

Pendant la grossesse, le surpoids ou l’obésité accroissent le risque de complications : prééclampsie, césarienne, macrosomie, et le développement du diabète gestationnel. Celui-ci expose ensuite la mère et l’enfant à un risque accru de diabète de type 2.

L’insulinorésistance, souvent silencieuse, peut être aggravée par une combinaison de faible temps de repos, alimentation peu équilibrée, stress oxydatif, et peu d’accès à un suivi médical régulier.

Rôle du nutritionniste tel que Pascal Nourtier

Le nutritionniste à Paris, comme Pascal Nourtier, a un rôle essentiel auprès des femmes rurales, même si géographiquement éloignées, notamment via la téléconsultation. Son accompagnement consiste à :

  • Évaluer le profil nutritionnel : poids, IMC, composition corporelle, antécédents métaboliques, grossesse, alimentation locale (régimes selon production agricole).
  • Proposer des stratégies alimentaires adaptées : équilibre entre les protéines, glucides complets, fibres, bonne qualité lipidique, prise en compte de la saisonnalité, accessibilité des aliments.
  • Adapter le plan de perte de poids, stabilisation ou prévention (surpoids, obésité, traitement adjuvant, gestationnel) en prenant en compte la charge de travail physique et invisible.
  • Conseiller sur l’activité physique réaliste, le repos, la gestion du stress.
  • Faciliter le dépistage et le suivi : surveillance de la glycémie, dépistage du diabète gestationnel, conseils pour la prévention, nutrition en cancérologie.
  • Offrir un suivi en cabinet à Paris pour les patientes de la région et, pour celles en zone rurale ou éloignées, un accompagnement en téléconsultation, permettant de surmonter les obstacles territoriaux d’accès.

Recommandations

Pour atténuer les effets négatifs de la surcharge invisible, plusieurs mesures sont souhaitables :

  • Reconnaissance institutionnelle du travail invisible (statut, protection sociale, droits, soutien).
  • Renforcement des services publics de santé en zone rurale : nutritionnistes, gynécologues, maternités, centres de dépistage.
  • Amélioration de l’offre de garde d’enfants, de transport, de formation.
  • Sensibilisation à l’alimentation équilibrée dans les exploitations rurales, inclusion de la diversité alimentaire, réduction des aliments ultra transformés.
  • Intégration de la dimension de genre dans les politiques agricoles, territoriales et de santé.

Conclusion

Les femmes rurales, entre empowerment et surcharge de travail invisible, portent un équilibre fragile. Leurs capacités d’autonomie, d’innovation, de résilience sont réelles et puissantes. Mais pour que l’empowerment ne devienne pas un facteur de malaises physiques ou métaboliques, il faut que la reconnaissance, le soutien, la santé ne restent pas en jachère. Le nutritionniste, le professionnel de santé, la société ont un rôle crucial pour reconnaître, accompagner et intervenir.


Études scientifiques citées

  1. Gupta P, et al. A Systematic Review on Women’s Participation in Agricultural Work and Nutritional Outcomes, 2000-2024.
  2. Obesity in low-income rural women: qualitative insights about physical activity and eating patterns, New York State, USA.
  3. Time Poverty: An Unintended Consequence of Women Participation in Farmers’ Associations, Southern Colombia.
  4. Self-rated health status and associated factors in rural workers, Brésil.
  5. Rural-urban migration and obesity & diabetes risk study, Inde.
  6. Nutrition transition, overweight and obesity among rural-to-urban migrant women, Kenya.
  7. Socio-economic inequalities in the prevalence and incidence of pharmacologically-treated diabetes in France in 2020.
  8. Prevalence of Diabetes and Diabetes-Related Cardiovascular Risk Factors in a Rural Population in Burkina Faso.
  9. Rural-urban disparities in nutritional status among women in Ethiopia (reproductive age).
  10. Residence-based inequalities in overweight/obesity in sub-Saharan Africa: multivariate non-linear decomposition analysis.