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Nutriepigénomique, alimentation & inflammation : la réversibilité au cœur de la santé

5/11/2025 | Aliments

Dans cet article, “Nutriepigénomique, alimentation & inflammation : la réversibilité au cœur de la santé” je vais explorer comment la nutriepigénomique (ou epigenetics nutritionnelle) permet, à travers l’alimentation, de moduler l’expression des gènes liés à l’inflammation et d’agir sur l’inflammation chronique – et comment cela peut être réversible, avec des implications fortes pour le surpoids, l’obésité, le diabète, la cancérologie, la grossesse et le vieillissement.

Qu’est-ce que la nutriepigénomique, et comment l’alimentation module-t-elle l’inflammation chronique réversible

La nutriepigénomique désigne l’étude des interactions entre les nutriments ou les habitudes alimentaires et les modifications épigénétiques – modifications qui régulent l’expression des gènes sans changer la séquence d’ADN. Parmi ces modifications figurent la méthylation de l’ADN, les modifications des histones, et l’action des ARN non-codants. Ces mécanismes sont sensibles à l’environnement, donc à l’alimentation, au mode de vie, au stress.

L’inflammation chronique, qui contribue à de nombreuses pathologies métaboliques et non métaboliques, repose en partie sur des voies génétiques dont l’expression peut être modifiée. Ce qui est fascinant, c’est que certaines de ces modifications sont réversibles : changer son alimentation, ses apports nutritionnels, corriger des carences, ou limiter les inputs délétères peut moduler ces marques épigénétiques, atténuer l’inflammation, modifier favorablement le risque de maladie.

Un fait historique : dès les années 1950-60, des études en nutrition périnatale avaient observé que les carences alimentaires chez les mères entraînaient des effets durables sur la santé de l’enfant – ce que l’on reinterprete aujourd’hui comme une partie de la programmation épigénétique.

Mécanismes épigénétiques influencés par l’alimentation

La méthylation de l’ADN joue un rôle central : des micronutriments donneurs de groupements méthyles (vitamines B9, B12, choline, méthionine, bétaïne) sont essentiels pour assurer des schémas de méthylation normaux. Un apport insuffisant peut entraîner une hypométhylation ou des méthylations aberrantes sur des gènes régulateurs de l’inflammation.

Les lipides : les acides gras saturés et trans tendent à favoriser des patterns inflammatoires, des modifications épigénétiques nuisibles dans des tissus comme le muscle, le foie ou le tissu adipeux. À l’inverse, les acides gras polyinsaturés oméga-3 (EPA, DHA) peuvent réduire l’expression des cytokines pro-inflammatoires (IL-6, TNF-α) via modulation épigénétique.

Les sucres ajoutés, l’hyperglycémie, les pics de glucose, le stress oxydatif induits par certains aliments transformés peuvent générer des dommages épigénétiques (par exemple via stress oxydant, glycation, métabolisme mitochondrial altéré), favorisant l’inflammation chronique.

La restriction calorique, le jeûne intermittent, l’activité physique et un régime riche en fibres et en antioxydants (fruits, légumes, polyphénols) favorisent des modifications bénéfiques : diminution des marques épigénétiques associées à l’inflammation, amélioration de la sensibilité à l’insuline, meilleure régulation métabolique.

Applications cliniques : surpoids, obésité, diabète, grossesse, cancérologie et sénior

Surpoids / obésité :

des études montrent que les personnes obèses présentent des signatures épigénétiques différentes de celles des personnes de poids normal, dans le tissu adipeux, le muscle squelettique, le foie. Ces marques épigénétiques sont liées à une inflammation accrue, à une insulinorésistance. Mais des interventions diététiques, perte de poids, modification du profil lipidique, apport accru en oméga-3 ou réduction des graisses saturées permettent de retrouver des profils plus « sains ». Ces modifications sont souvent corrélées avec une amélioration biologique (CRP, IL-6, adiponectine, etc.).

Diabète de type 2 et insulinorésistance :

la nutriepigénomique permet de comprendre comment l’alimentation exagérée, la consommation régulière de sucres rapides, d’aliments transformés, de graisses inflammatoires, contribue non seulement aux signes cliniques mais aux altérations épigénétiques qui aggravent la résistance à l’insuline. Ces altérations peuvent être, au moins partiellement, inversées par un régime adapté, perte de poids, exercice, ce qui améliore la sécrétion de l’insuline et la fonction des cellules β.

Diabète gestationnel et grossesse :

la nutrition pendant la grossesse a un effet potentiellement durable sur l’enfant, par programmation métabolique. Les apports maternels en micronutriments methylants (B9, B12, choline), l’équilibre lipidique, l’ensemble du profil nutritionnel impactent les marques épigénétiques dans le fœtus, avec des conséquences sur le poids à la naissance, le risque d’obésité future, de diabète. Modifier l’alimentation périconceptionnelle et pendant la grossesse offre une opportunité de réduire ces risques.

Cancérologie :

l’inflammation chronique est un des moteurs du développement de certains cancers. Les marques épigénétiques favorables ou défavorables peuvent influencer l’activation ou la répression de gènes suppresseurs de tumeur, de voies de réparation de l’ADN, de mécanismes de réponse au stress oxydatif. Une alimentation riche en antioxydants, polyphénols, en fibres, restreignant les toxines alimentaires ou les aliments pro-inflammatoires, peut contribuer à moduler favorablement ces voies.

Sénior :

Le vieillissement est associé à une accumulation de marques épigénétiques délétères. Mais même chez des personnes âgées on observe qu’un régime sain, riche en nutriments protecteurs, une activité physique régulière, une vie sans excès, peuvent retarder, corriger partiellement certaines altérations épigénétiques, diminuer l’inflammation de bas grade, améliorer la qualité de vie.

Exemples d’études concrètes

Une étude (“Epigenetics in Human Obesity and Type 2 Diabetes”) a identifié des signatures épigénétiques dans le tissu adipeux, le muscle squelettique, les îlots pancréatiques, le foie, et le sang associées à l’obésité et au diabète de type 2.
Une étude “Epigenetic Regulation of Obesity-Associated Type 2 Diabetes” montre que même un régime riche en graisses pendant cinq jours change les pattern de méthylation de l’ADN dans le muscle, mais que ces changements peuvent être réajustés avec des interventions diététiques. 
Une revue “Epigenetics and Epigenomics: Implications for Diabetes and Obesity” décrit comment un régime obésogène modifie le réseau régulateur des gènes dans le foie, et comment des modifications du régime alimentaire peuvent inverser certaines de ces altérations épigénétiques. 
Une étude “Targeting the epigenetic marks in type 2 diabetes mellitus” met en évidence que les régimes déséquilibrés favorisent l’inflammation, la perturbation du métabolisme des lipides et de l’insuline, tandis que l’exercice, les apports en nutriments methylants et la correction des déséquilibres peuvent restaurer des marques épigénétiques plus favorables.

Le rôle du nutritionniste comme Pascal Nourtier à Paris

Le nutritionniste à Paris, comme Pascal Nourtier, joue un rôle fondamental dans la mise en œuvre de la nutriepigénomique. En cabinet ou en téléconsultation il peut :

  • Évaluer le profil alimentaire, les apports en micronutriments (vitamines methylantes, oméga-3, antioxydants) et identifier les excès ou carences pouvant favoriser des modifications épigénétiques défavorables.
  • Déterminer les habitudes alimentaires pro-inflammatoires (trop de graisses saturées ou trans, sucres simples, aliments ultra-transformés, excès calorique) et proposer des substitutions, des rééquilibrages, des plans alimentaires personnalisés en fonction de l’histoire, des antécédents familiaux de diabète, d’obésité ou de cancer, et du mode de vie.
  • Suivre des marqueurs biologiques et métaboliques (CRP, IL-6, lipides, glycémie, HbA1c, fonction hépatique, profil lipidique) pour observer l’impact des modifications alimentaires sur l’inflammation, la résistance à l’insuline, le poids, etc.
  • Accompagner la perte de poids, le contrôle du poids en surpoids ou obésité, améliorer la composition corporelle, en veillant à ce que la réduction calorique ne s’accompagne pas de carences.
  • Conseiller spécifiquement en cas de grossesse, diabète gestationnel, maladies chroniques : ajustement des apports en micronutriments essentiels, suivi régulier, prévention des complications.
  • Utiliser la téléconsultation pour maintenir un accompagnement rapproché, ajuster les protocoles, prendre en compte les retours, les résultats biologiques, les difficultés pratiques (accès aux aliments, coût, préférence) pour garantir que les changements alimentaires soient réellement durables.

Conclusion

La nutriepigénomique ouvre une voie puissante dans la prévention et le traitement des maladies liées à l’inflammation chronique. L’alimentation peut moduler des marques épigénétiques, rendre réversibles certains profils inflammatoires, améliorer la sensibilité à l’insuline, diminuer le risque de cancer ou de complications métaboliques. Avec un accompagnement adapté, personnalisé, sérieux, scientifique (comme celui que peut offrir un nutritionniste à Paris tel que Pascal Nourtier), il est possible de transformer ces potentialités en faits concrets, d’agir avant que les dommages ne soient irréversibles, ou au moins les atténuer fortement.


Études scientifiques citées

  1. “Epigenetics in Human Obesity and Type 2 Diabetes” (Revue) – signatures épigénétiques dans divers tissus liés au métabolisme chez personnes obèses ou diabétiques. PMC
  2. “Epigenetic Regulation of Obesity-Associated Type 2 Diabetes” (MDPI) – o régime riche en graisses pendant quelques jours modifie la méthylation de l’ADN dans le muscle, mais réversibilité par interventions diététiques. MDPI
  3. “Epigenetics and Epigenomics: Implications for Diabetes and Obesity” (Diabetes Journals) – impact des régimes obésogènes sur le foie, etc., et potentiel de retour en arrière. Diabetes Journals
  4. “Targeting the epigenetic marks in type 2 diabetes mellitus: will epigénétique aider ?” – rapport sur les effets des habitudes alimentaires et de l’activité physique sur les marques épigénétiques dans le diabète type 2. dovepress.com
  5. Étude “Epigenetics of type 2 diabetes and diabetes‐related outcomes in the …” – associant méthylation de l’ADN dans le sang avec marqueurs glycémiques et insulinorésistance. BioMed Central
  6. Revue “Update on the genetic and epigenetic etiology of gestational diabetes mellitus: a review” – lien entre alimentation maternelle, gènes, et risque de diabète gestationnel. arXiv
  7. “Epigenetics in Adipose Tissue, Obesity, Weight Loss, and Diabetes” – effets du surpoids et bénéfices de la perte de poids sur marques épigénétiques dans le tissu adipeux. advances.nutrition.org
  8. “Unraveling the epigenetic fabric of type 2 diabetes mellitus” (Frontiers) – contribution de modifications épigénétiques aux fonctions mitochondriales, stress oxydatif et sénescence cellulaire dans T2DM. Frontiers
  9. Étude sur PDGF-AA signalisation hépatique dans l’obésité et le diabète type 2 – hypométhylation d’un site CpG dans PDGFA et résistance à l’insuline. arXiv
  10. “Nutrigénomique appliquée aux gènes candidats modulant les profils lipidique, glycémique et inflammatoire suite à une supplémentation en acides gras polyinsaturés oméga-3” (thèse) – variabilité interindividuelle, polymorphismes, effet des oméga-3 sur inflammation et métabolisme. academia.edu